L’orgue tel qu’il était …

Après plus de cent ans de bons et loyaux services, l’orgue de l’église catholique du Sacré-Cœur de Montreux était à bout de souffle.
Le timbre de bon nombre de ses tuyaux était altéré, la réponse sonore était devenue excessivement lente et imprécise, certaines
combinaisons de jeux et de claviers ne fonctionnaient tout simplement plus.

Les affres du temps avaient exercé leur impitoyable action: les tubulures métalliques étaient érodées et fissurées, les soufflets en
cuir fin des circuits pneumatiques étaient irrémédiablement percés, la poussière avait envahi toutes les pièces mobiles du vénérable
instrument, entravant son fonctionnement mécanique normal. Certains registres enfin étaient hors d’usage ou ne répondaient plus
que de manière aléatoire.

Cet orgue, pourtant recensé à l’origine parmi les instruments exceptionnels de concert de Suisse romande, ne pouvait plus assurer
la moindre manifestation musicale et peinait à remplir dignement sa fonction liturgique. Héritiers d’un instrument offert par nos
prédécesseurs du début du XXe siècle pour faire connaître en concert la musique d’orgue et soutenir la liturgie, nous nous devions
de restaurer cet instrument magnifique, pour le plus grand bonheur des fidèles et mélomanes.

Construit en 1905 par la Maison Th. Kuhn de Maennedorf près de Zurich, le grand orgue de tribune de l’église catholique
du Sacré-Cœur de Montreux est le seul témoin authentique de la manufacture instrumentale au tournant du XXe siècle qui ait
survécu en Suisse romande: orgue symphonique par son esthétique sonore, il se prête à merveille à l’interprétation des grandes
œuvres du répertoire romantique.

Ses 44 jeux répartis sur 3 claviers et pédalier, en majorité flûtés et gambés de 8 pieds et riches en timbres
tour à tour chatoyants et gracieux, profonds et feutrés, intimistes ou volubiles, soutiennent de leurs sonorités veloutées le bucolique
hautbois ou la vive clarinette et s’harmonisent avec les effets aériens des voix célestes jusqu’à se fondre aux festives trompettes,
redoutables bombardes et brillants pleins-jeux.

… Plus beau qu’avant ? Notre concert du 2 septembre 2018 en a été la démonstration !

L’instrument se révèle apte à créer l’atmosphère de recueillement propre à la liturgie autant qu’ à exprimer,
par son lyrisme et sa majestueuse puissance orchestrale, le sens mystérieux de la musique. Vestiges exceptionnels d’une époque
éprise d’innovations technologiques, 4 jeux d’Echo, cachés dans la voûte du chœur au-dessus de l’autel et joués à partir du clavier
de Grand-Orgue, permettent les dialogues à distance de registres solistes.